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Comment jouir sans posséder – Joie de Vivre

March 3, 2012 par bonheur Pas de commentaire »

« Qu’est-ce qui fait la jouissance du possesseur, sinon la vue de ce qu’il possède ? »

UN marquis français dont Washington Irving nous a fait faire la connaissance, se consolait de la perte de son château en disant qu’il avait Ver­sailles et Saint-Cloud pour ses villégiatures, et les allées ombragées des Tuileries et du

Luxembourg pour ses promenades en ville.

«Quand je me promène dans ces beaux jardins, disait-il, je n’ai qu’à m’imaginer que j’en suis le possesseur. Tous ceux qui les fréquentent sont mes visiteurs, et je n’ai pas la peine de les entretenir. Mes domaines sont un vrai Sans-Souci, où chacun fait ce qui lui plaît, sans ennuyer le propriétaire. Tout Paris est mon théâtre, et m’offre un continuel spectacle. Je trouve table servie presque dans
chacune des rues, et des milliers de serviteurs sont prêts à voler à mon appel. Quand ils m’ont servi, je les paye, et je n’ai plus à m’en préoccuper. Je n’ai pas le souci de penser qu’ils me volent dès que j’ai tourné le dos. Par-dessus tout, continuait le vieux gentilhomme avec un sourire de bonne humeur, quand je réfléchis à tout ce que j’ai souffert, et que je le compare à ce dont je jouis maintenant, je ne puis m’empêcher de trouver que j’ai eu une singulière bonne fortune. »

L’habitude de se sentir riche parce qu’on a développé en soi la faculté de trouver quelque chose de bon dans tout ce qu’on rencontre, est en elle- même une richesse. Pourquoi ne nous sentirions-nous pas riches en jouissant de tout ce que nos yeux peuvent contempler, lors même que d’autres en possèdent les titres de propriété ? Pourquoi ne jouirais-je pas des magnifiques campagnes qui appartiennent aux riches, aussi bien que si elles étaient à moi ? Lorsque je passe près d’elles, je puis jouir de leur vue; la beauté des plantes, des pelouses et des fleurs est à moi. Le fait qu’elles appartiennent à un autre ne peut altérer ma jouissance esthétique. La meilleure part, le paysage, le murmure du ruisseau, les pentes de la vallée, le chant des oiseaux, le lever du soleil, ne peuvent être inscrits sur aucun titre de propriété ; ils appartiennent à l’œil qui les contemple, à l’intelligence qui sait les apprécier.

Comment se fait-il que de rares personnes savent se procurer de telles jouissances, qui enrichissent la vie la plus pauvre, tandis que d’autres savent si peu jouir des conditions avantageuses dans lesquelles la richesse les a placées ?

C’est simplement une question de tempérament.

Quelques personnes sont aveugles en ce qui concerne ta beauté. Elles peuvent voyager dans des sites incomparables sans rien ressentir. Leurs âmes ne sont pas touchées -; elles ne sentent rien de ce qui met d’autres personnes en extase.

On raconte l’histoire d’une société de touristes qui faisaient un voyage dans les Alpes. Entre autres voyageurs se trouvaient une dame anglaise et un flegmatique Allemand. Le guide conduisit la société à un contour subit d’où l’on découvrait un magni­fique panorama. La dame s’avança la première et dit : « Que c’est beau ! » L’Allemand vint ensuite, tomba à genoux et, se découvrant, s’écria : «Mon Dieu, je te remercie de ce que j’ai vécu pour voir ce jour ! »

« Si vous n’êtes pas riche vous-même, soyez heureux que d’autres le soient, et vous serez étonné du bonheur qui en résultera pour vous-même », disait le Révérend Dr Charles F. Aked.

N’avez-vous jamais réalisé, mon pauvre ami qui vous plaignez, combien vous êtes réellement riche ? Vous dites que vous ne possédez point de terrain, point de maison, que vous vivez dans un appartement loué et exigu. Oh ! quelle somme de plaisir vous est enlevée par l’envie ! C’est une âme petite que celle qui ne peut jouir de ce qui ne lui appartient pas en I propre, qui traverse la vie, toujours envieuse. Nous I devrions être capables de jouir de tout ce qui est agréable, sans nous soucier de ce que cela ne nous appartient pas. (Test folie que d’envier aux autres ce que nous ne pouvons pas posséder. Il nous faut apprendre à jouir de ce que nous ne. possédons pas.. Soyons comme les oiseaux qui ne s’inquiètent pas de savoir à qui appartient la campagne où se trouve l’arbre sur lequel ils construisent leur nid.

Avez-vous jamais pensé quelle petite partie du patrimoine de la communauté appartient à l’indi­vidu? Les rues, les routes sont à tout le monde ; les jardins publics, les bibliothèques publiques aussi. Les écoles vous appartiennent ; les rivières, les ruisseaux, les montagnes, les levers de soleil, les merveilles des cieux sont à nous. M. Rockefeller ne peut jouir de la chaleur du soleil ou de la beauté de la lune plus que nous ; les étoiles sont autant à vous qu’à lui. A chaque y saison, les charmes de la nature, les joies que le Créateur a répandues partout sont à vous, tout .aussi bien qu’à celui qui paye les impôts du terrain, pensez à ce que coûte à une grande ville l’entretien de ses parcs !

La fortune d’un Carnegie y suffirait à peine, et cependant vous les trouvez toujours par­faitement entretenus, sans que vous ayez à vous en occuper. Ceux qui les soignent et les cultivent sont des employés de l’Etat, qui travaillent pour vous aussi bien que pour les riches. Vous n’avez pas à les payer, ni à les surveiller ; aucun souci ne vient troubler votre jouissance. Les fleurs, les oiseaux, les statues, tout ce qui se trouve dans nos grands et beaux parcs, sont aussi bien votre propriété que celle des plus riches. Ainsi, les plus pauvres de nos villes se trouvent posséder des centaines d’acres de terrain !

Le malheur est que nous nous exagérons l’avan­tage de la propriété. L’esprit humain ne peut jouir de beaucoup de choses à la fois, et une existence compliquée va à fin contraire de son but.
«J’aimerais mieux être capable d’apprécier des choses que je ne puis avoir, que d’avoir des choses que je ne puis apprécier », disait un écrivain.

Robert-Louis Stevenson empaqueta un jour ses peintures et les envoya à un ennemi qui allait se
marier, puis il écrivit à un ami qu’il venait de se délivrer de son esclavage. « Je vous en prie, disait-il, ne donnez pas d’otages à la fortune. Une fois par mois, à peine, vous sentirez-vous disposé à admirer une peinture ; allez alors dans un musée.

Là, vous pourrez admirer ; et à votre arrivée tout sera en ordre sans qu’il vous en ait rien coûté. »
Pourquoi disputerais-je et lutterais-je pour entrer en possession d’une petite portion de cette terre ? La terre entière appartient à ceux qui savent en jouir. Ceux qui la possèdent directement prennent soin de ce qui m’appartient, et le maintiennent en bonnes conditions.

Pour quelques francs, je puis me rendre, en chemin de fer, dans celle de mes possessions que je préfère, et cela ne me coûte aucun effort, aucun soin ; les vertes prairies, les arbrisseaux, les statues des parterres, les belles peintures ou les sculptures sont toujours prêtes pour moi, toutes les fois que l’envie me prend d’aller les admirer. Je ne voudrais pas les avoir en ma possession, car elles nécessiteraient des frais que je ne puis faire ; de plus, j’aurais cons­tamment la crainte qu’elles ne soient détériorées ou volées.

Tout est préparé et conservé pour moi sans aucune peine de ma part. Le peu que je paye pour l’usage des bibliothèques, des chemins de fer, des galeries de peintures, des jardins publics, est bien inférieur à ce que je devrais dépenser pour en entre­tenir une minime partie. La vie, le paysage, les étoiles et les fleurs, la mer et l’air, les oiseaux et les arbres sont à moi, que désirerais-je de plus ? Toutes les géné­rations ont travaillé pour moi ; toute l’humanité me sert. Je n’ai plus qu’à me nourrir et à me vêtir.

Quelques personnes sont ainsi constituées qu’elles n’ont pas besoin de posséder les choses dont elles
jouissent. Biles ne sont pas envieuses, et se réjouissent de oe que d’autres ont de belles maisons et de la fortune, quoiqu’elles-mêmes soient pauvres.

Ward Beecher possédait cette nature large, libérale magnanime, aimante, qui permet de Jouir sans posséder. Il avait coutume de dire que c’était un vrai Saisir pour lui que de s’arrêter devant les éta­lages de magasins, spécialement à Noël, pour admirer tout ce qu’il y voyait ; il affirmait qu’il savait jouir de l’architecture et des sculptures des maisons printanières, comme si elles lui appartenaient, sans se soucier du nom du propriétaire.

Phillips Brooks, Thoreau, Ganison, Emerson, Beecher, Agassiz, furent riches sans argent. Bs voyaient la splendeur d’une fleur, la gloire des prairies, découvraient un roman dans le murmure d’un ruisseau, entendaient le sermon que prêchent les pierres, et trouvaient quelque chose de bon dans tout.

Ils savaient que celui à qui le paysage appartient est rarement oelui qui en paye l’impôt.

Ils s’appropriaient la richesse des prairies, des champs, des fleurs, des oiseaux, des ruisseaux, des montagnes et des forêts, comme l’abeille suce le suc des fleurs. Chaque chose dans la nature semblait leur apporter un message spécial de l’Auteur de tout ce qui est beau. Pour ces âmes privilégiées, tout était revêtu de beauté et de gloire, et leurs âmes altérées s’en abreuvaient, comme le voyageur, dans le désert, se désaltère à la source de l’oasis. Extraire la richesse des hommes et des choses pour la répandre ensuite à flots sur l’humanité altérée, semblait être leur mission.

Avez-vous jamais observé les abeilles lorsqu’elles tarent un miel délicieux de plantes peu attrayantes ?Je connais des hommes et des femmes qui ont développé en eux ce magnifique instinct. Ils font surgir le bien et le beau du plus repoussant des milieux. Ils ne peuvent converser avec les spécimens les plus pauvres, les moins attrayants de l’humanité, sans en retirer ce qui adoucit la vie et enrichit l’expérience.

Cette faculté de trouver de la jouissance partout est un don divin. Elle élargit la vie, approfondit l’expé­rience, et enrichit l’être tout entier.

Le secret du bonheur est dans un esprit joyeux et content. « Il est pauvre, celui qui est mécontent de tout ; il est riche, celui qui se contente de ce qu’il a », et sait jouir de ce que les autres possèdent.

« Il y a des joies qui voudraient nous appartenir. Dieu en envoie des milliers qui, semblables à des oiseaux, cherchent un asile en nous ; mais nous ne savons pas les voir, et elles ne peuvent rien nous communiquer. Elles s’arrêtent un instant sur notre toit, chantent une chanson, et s’envolent. »

 

Les richesses et le bonheur – Joie de Vivre

March 1, 2012 par bonheur Pas de commentaire »

Chaque être semble capable de posséder une certaine quantité le bonheur qu’aucune institution ne peut augmenter, aucune lireouatanoe altérer, et qui est entièrement indépendante de la ortune. Qu’un homme compare sa fortune présente avec le passé, et il trouvera probablement qu’après tout, il n’est ni tneilleur ni pire qu’autrefois.

~ Goldsmith.

LA jeunesse devrait être éduquée de manière à pouvoir dire à un homme qui posséderait des millions, mais pas grand’chose d’autre : « J’ai pris la résolution d’enrichir ma vie et non de faire fortune. Si quelqu’un peut tirer de la vie encore plus que moi, il aura raison de le faire. »

Quel malheur ce serait pour le monde si la richesse pouvait procurer le bonheur, comme beaucoup de gens se l’imaginent 1 Si la fortune était l’essentiel, s’il suffisait à un homme d’être riche pouf être heureux, les gens riches seraient toujours heureux, et les gens pauvres toujours malheureux.

Mais les richesses seules ne peuvent faire le bonheur. Bour que l’argent contribue au bonheur, il faut qu’il serve à l’enrichissement de la nature supérieure de l’homme, au développement de tout ce qu’il y a de bon en lui ou dans les autres, et non qu’il tende à développer ses instincts les moins nobles. La fortune, dans les mains d’ignorants, de gens aux goûts grossiers et aux instincts vils, ne contribue pas au vrai bonheur. Nul ne peut être vraiment heureux s’il n’a pas un haut idéal et un noble but devant les yeux.

Beaucoup de personnes s’illusionnent en s’imagi­nant que le bonheur consiste dans la satisfaction des désirs. Elles ne réalisent pas que « le désir est insa­tiable comme l’océan et réclame toujours plus, à mesure que ses demandes lui sont accordées ». « Rien n’est insatiable comme la richesse », disait un philosophe romain.

La satisfaction de nos désirs égoïstes ne réussit qu’à accroître les appétits de notre être. Les principes seuls peuvent procurer un bonheur permanent ; les choses matérielles sont changeantes et décevantes. Un des plus grands désappointements qu’éprouvent bien fies gens riches est de n’avoir pu acquérir le. bonheur avec leur argent. Ceux qui cherchent le bonheur dans la fortune, sont dans la position d’un homme qui chercherait la sécurité sur un bloc de glace gagnant la pleine mer. Ce que l’argent peut satisfaire n’est qu’une bien petite partie de notre être immortel, car l’homme ne vit pas seulement de pain.

Nous connaissons tous des gens qui n’ont jamais amassé des richesses, mais qui ont développé en eux un beau caractère, une riche personnalité ; des gens qui n’ont jamais gagné des millions, mais qui sont cependant devenus millionnaires en accumulant les richesses sans prix du caractère, des affections, et qui se sont fait une place dans une multitude de coeurs aimants.

Ils ne sont pas riches d’argent, mais de choses qui valent bien plus que l’argent. Ils ont enrichi des centaines d’autres vies par l’inspiration, l’encourage­ment qu’ils leur ont communiqués et par l’influence ennoblissante qu’ils ont exercée.

Etre riche en argent et pauvre en toute autre chose, c’est être vraiment pauvre.
«L’argent n’a jamais rendu un homme heureux, disait Franklin, car il n’y a rien dans sa nature qui puisse produire le bonheur. »

Dans nos grandes villes, il ne manque pas d’hommes riches qui se font remarquer par leur absence d’intérêt pour les nobles causes, qui donnent rarement aux pauvres. Ils ne prennent aucun souci de la chose publique, n’appartiennent à aucune organisation ayant pour but d’aider l’humanité.

Ils sont entièrement et complètement repliés sur eux-mêmes. Ils ne voient pas pourquoi ils emploie­raient leur argent pour autre chose que leur plaisir ou celui de leur famille. Et ils deviennent si avares et si durs que, lorsqu’ils meurent, personne ne les regrette.

N’est-il pas étrange que, connaissant comme nous les connaissons, les choses qui peuvent nous rendre heureux — telles que le travail, un noble but à atteindre, la bonté et l’altruisme, la courtoisie, la considération —, nous soyons encore acharnés à la poursuite de la richesse, au point de les négliger ?

Un homme riche, à qui l’on demandait laquelle de ses actions l’avait rendu le plus heureux, répondit que c’était d’avoir payé le loyer d’une maison d’où
l’on allait chasser une pauvre femme.

Cet homme pensait sans doute trouver le bonheur en amassant une fortune, en fabriquant et en vendant plus de marchandises que ses compétiteurs, mais le fait d’avoir conservé un toit à cette pauvre femme lui avait donné plus de joie et de satisfaction que tous ses succès dans les affaires.

Plusieurs des caractères les plus riches que j’aie rencontrés appartenaient à des gens ne possédant que très peu des biens de ce monde, mais beaucoup des richesses que l’argent ne peut procurer, ni acheter.

Lorsque M. Georges Pullman fut devenu milliar­daire, il déclara : « Je ne suis pas un iota plus heureux que lorsque je ne possédais pas un dollar et que je travaillais du matin jusqu’au soir. Je crois que j’étais aussi heureux, sinon plus heureux, lorsque j’étais pauvre. »

« Les richesses ne sont que vanité et tourment d’esprit », disait Russell Sage.

Le témoignage de ceux qui ont acquis de grands biens devrait faire autorité, et cependant le but du plus grand nombre est d’acquérir des richesses.

Pourquoi le fait que d’autres possèdent plus que moi enlève-t-il de la valeur à ce que j’ai ? Pourquoi jouirais-je moins de ce qui m’appartient parce que d’autres ont plus que moi ? Pourquoi m’avilirais-je moi-même en m’inclinant devant ceux qui ont réussi à gagner beaucoup d’argent ? L’argent est-il l’étalon d’après lequel on juge de la valeur des choses ? A-t-il plus de prix que l’homme lui-même ? Il devrait y avoir dans tout homme une valeur morale bien plus grande que toute la richesse qu’il a pu amasser.

Si nous concentrons nos pensées et nos efforts sur la manière de faire fortune, sur nos intérêts
égoïstes, il n’existe rien en nous qui puisse nous rendre heureux.

L’amour de l’argent devient d’abord une habitude, puis une maladie presque aussi dangereuse que la morphinomanie. Le démon de l’opium fait perdre à ses esclaves le sens moral, le sentiment du devoir et la perception de la vérité, et développe chez eux une ruse extraordinaire pour se procurer de quoi satisfaire leur passion ; de la même manière, la maladie de l’argent tend à détruire, chez celui qui en est atteint, le sentiment de ce qu’il doit aux autres, et développe en lui une cupidité colossale et brutale, tout à fait anormale.

Combien d’êtres humains rétrécissent et décolorent leur existence, entravent leurs progrès, en prenant une fausse attitude en face de la vie ! Ils tuent la joie et détruisent leur bonheur par leur envie, leur jalousie et leurs mauvaises ambitions. La vue de la prospérité des autres semble tuer en eux la jouis­sance de ce qu’ils possèdent.

Pour être heureux, il faut que nous ayons notre propre approbation ; et il y a en nous quelque chose f qui condamne tout acte égoïste, aussi bien que toute mauvaise action. Je n’ai jamais rencontré une personne avare, égoïste, qui fût heureuse.

Où ces penchants dominent, il n’y a pas de place pour ce qui crée l’amour de la vie. Ces semences grossières et funestes tuent les plantes délicates et les fleurs qui répandent de la douceur et de la beauté, du contentement et du bonheur. Ces deux sortes de plantes ne peuvent croître ensemble dans le même sol.

Il n’y a qu’une sorte de bonheur qui vaille la peine . d’être goûté : c’est celui qui ne laisse aucun aiguillon
derrière lui, et qui ne produit aucune réaction fâcheuse. La satisfaction des désirs égoïstes produit toujours cette réaction.

Quoique les richesses soient désirables à certains égards, elles sont une très grande tentation pour les faibles, les superficiels, les gens vains. La fortune s’entoure de beaucoup d’ennemis qui tentent de nous faire accomplir des choses qui ne sont pas bonnes pour nous, qui ruinent notre santé et démo­ralisent notre caractère.

Emerson a dit que si nous possédons du terrain, ce terrain nous possède. La propriété signifie toujours absorption de temps et d’énergie. L’accroissement des biens entraîne toujours de nouvelles obligations, crée de nouvelles tentations à se laisser aller à l’indolence, à l’amour du plaisir, à la satisfaction des désirs des sens. Une grande fortune est l’ennemie de la vie simple, et nous sommes ainsi faits qu’une vie compliquée ne nous apporte ni le bien-être véritable, ni le bonheur.

Une des doctrines les plus dangereuses est celle qui fait croire que le vrai bonheur dépend des biens matériels, au lieu d’être un état d’esprit. Dans notre ignorance, nous perdons la capacité de goûter le vrai bonheur et nous le poursuivons dans les choses matérielles, croyant qu’elles nous aideront à résoudre nos problèmes et à nous rendre heureux. Plus un homme possède, plus il veut avoir. Au lieu de remplir un vide, la fortune en crée un. Un grand avoir à la banque n’a jamais rendu un homme riche, car, quoiqu’il puisse posséder beaucoup d’argent ou de terrain, cet homme n’est pas riche s’il n’a pas le cœur bon.

Il est aussi impossible à l’égoïsme de goûter le
vrai bonheur qu’il l’est à un aveugle d’apprécier la gloire d’un lever de soleil.

N’est-il pas étrange qu’un homme qui a été égoïste,* vil et malhonnête en gagnant sa fortune, un homme qui a opprimé et avili ceux qui l’ont aidé à la gagner, puisse s’attendre à être heureux ?

Les plus malheureux des hommes que je connaisse préparent eux-mêmes leur propre purgatoire par leurs idées fausses sur la vie, en donnant de la valeur aux choses qui n’en ont point, et vice versa. L’idée la plus pernicieuse qui ait traversé un cerveau humain est que la satisfaction des désirs égoïstes puisse procurer le bonheur.

Si un homme pouvait à jamais renier le haut idéal qui lui est apparu dans ses meilleurs moments, s’il pouvait détruire en lui l’image de son Créateur, éliminer tout ce qui en lui aspire au bien, et ne conserver que sa nature animale, alors il jouirait du bonheur de la brute, mais non de celui de l’homme digne de ce nom. Et voilà la sorte de bonheur dont jouissent bien des millionnaires — ils ne peuvent jouir que de ce qui satisfait leurs appétits, et ils sont incapables de jouir de quelque chose de plus noble, jusqu’à ce qu’ils aient développé en eux les facultés capables d’apprécier un bonheur plus élevé.

Un homme ne peut jamais réaliser un bonheur complet et permanent avant de s’être placé dans le courant qui nous entraîne vers Dieu, parce que tout ce qui tient à la terre est transitoire et sujet au changement. I1 n’y a rien de permanent dans ce que les choses matérielles nous procurent.

Robert-Louis Stevenson appréciait la perte des biens terrestres comme un élan donné à l’âme pour s élever vers le ciel. Il envoya un jour un télégramme de félicitations à un ami dont la maison venait d’être incendiée, parce que la femme de cet ami se laissait trop absorber par les soins à donner à une demeure aussi vaste et aussi riche.

Pour beaucoup de gens, l’argent représente la satisfaction de leurs désirs sensuels. Il leur semble que s’ils pouvaient s’accorder tout ce qu’ils désirent, ils seraient parfaitement heureux. Mais ils découvrent ensuite que la fortune a des épines qui tourmentent son possesseur.

Il y a de nos jours une multitude de gens riches qui ne peuvent comprendre pourquoi l’argent ne leur donne pas ce repos d’esprit, ce bien-être et cette satisfaction, cette sérénité et cette existence paisible qu’ils rêvaient d’obtenir, lors même que les moyens qu’ils ont employés pour l’acquérir n’étaient pas toujours parfaitement honnêtes.

Celui qui a gagné une fortune d’une façon illicite a beau fonder des collèges ou des hôpitaux, nourrir et vêtir des pauvres, il ne trouvera pas le bonheur dont il avait fait le but de toute sa carrière.

On ne peut pas plus acheter le bonheur qu’on ne .peut acheter l’amour ou le respect. Quelques-uns des hommes les plus misérables que je connaisse sont des gens qui dépensent beaucoup d’argent pour essayer d’acheter ce bonheur idéal qui ne provient que d’une vie juste et droite.

Une fausse ambition, le désir ardent de surpasser les autres, ne peuvent donner de la satisfaction. Nous nous méprisons nous-mêmes intérieurement pour nos désirs égoïstes, pour notre habileté à enlever quelque chose aux autres afin de posséder davantage.

Nous nous condamnons nous-mêmes pour notre manière de tenir les autres en arrière, de chercher à tirer avantage d’eux et à profiter de leur malheur.

Nous savons que nous agissons mal, et notre cons­cience nous le reproche. Nul ne peut être vraiment heureux qui ne fait pas les choses qu’il admire chez les autres. Si vous faites une chose que vous désap­prouveriez chez autrui, vous vous désapprouvez vous-même, car vous ne pouvez être heureux sans votre approbation.

Le grand but de la vie devrait être d’acquérir la plus grande somme possible de douceur et de bonté. Les meilleures richesses sont indépendantes de la fortune. Elles ne peuvent être détruites ni par le feu, ni par l’eau, ni par un accident de chemin de fer.

Qu’y a-t-il de plus commun que de voir des hommes et des femmes affamer leur âme, paralyser sa croissance et l’expansion des sentiments qui, seuls, rendent la vie digne d’être vécue, pour s’assurer les plaisirs des sens et amasser des richesses dont l’effet est, en général, de les éloigner de plus en plus de la vie de l’esprit?

Quelques acres de terrain, une rangée de maisons, un palais comme demeure, quelques rentes, de l’argenterie et un bel ameuble­ment, de beaux vêtements, sont après tout bien peu de chose pour satisfaire les aspirations d’une âme immortelle.

Il existe, dans notre pays, des centaines de foyers où l’on ne trouve aucun livre inspirateur, aucun tableau, aucune sculpture, aucune œuvre d’art ayant une signification spirituelle, ni quoi que ce soit, enfin, qui puisse élever les pensées de leurs habitants ou ouvrir des horizons à leur vie. On rencontre un étalage de riches tentures et de beaux tapis, des ameublements somptueux représentant une fortune, mais rien qui fasse appel à l’intelligence et à l’esprit.

Dans bien des demeures humbles, on trouve sou­vent glus de choses qui inspirent, qui élèvent, qui sont au-dessus du commun, que dans les maisons de nos millionnaires. Il n’y a pas, il est vrai, de riches tapisseries ou de coûteux tableaux, pas de ces riens sans prix ou d’ornements inutiles, peut- être même pas de tapis dans les chambres, mais on remarque des volumes fatigués dont l’usure révèle le caractère des habitants, leur goût affiné, et dénote une atmosphère spirituelle, aimable et bienveillante qui donne à l’intérieur le plus humble une beauté et un charme que la fortune ne peut offrir.

La beauté de l’âme, la bonté du cœur et un esprit cultivé forment l’ameublement qui trans­forme une hutte en un palais, et sans lequel la maison la plus luxueuse n’est qu’un lieu clinquant, pauvre et désolé.

Un employé me disait récemment : «Je ne suis qu’une machine à travailler pour mon patron, qui me parle comme si je n’avais rien su faire de ma vie, parce que je ne me suis pas établi et n’ai point gagné d’argent. Il me répète que n’importe quel individu ayant une once de cervelle et de courage ne man­querait pas de faire fortune dans un pays comme le nôtre.

«Mais lui et moi nous avons une conception tout à fait différente de ce qui constitue le succès et le bonheur. Il y a ce qu’on peut appeler le succès .dans les entreprises, qui consiste à se vouer à une certaine spécialité et à y gagner de l’argent ; puis il y a le succès qui consiste à bien vivre à côté de ses affaires, c’est-à-dire le succès de la personnalité.

« Mon patron me considère comme une non- valeur parce que je n’ai pas de quoi vivre, comme lui, dans un quartier riche, ni de quoi m’accorder une automobile.

Ma famille ne peut faire autant de toilette que la sienne, et mes enfants n’ont pas les mêmes relations.

Nous n’appartenons pas à la même caste. Je ne suis pas, comme lui, membre de plusieurs comités.

Et cependant, lorsqu’on va au fond des choses, je suis plus estimé de mes voisins que ne l’est mon patron. On le considère comme un homme rusé, habile en affaires, et heureux dans ses entreprises. Les gens regardent à son argent et non à lui-même ; ils sont jaloux de sa fortune.

«Et, à mon idée, il y a une grande différence entre gagner une fortune et développer en soi l’homme intérieur. J’ai commencé à travailler chez M. B. comme petit employé à trois dollars par semaine. Mais il ne s’écoula pas beaucoup d’années avant que je fusse passé maître dans ma partie. Je crois que j’ai une plus grande estime pour mes occupations qu’il n’en a pour les siennes.

Un travail bien fait me réjouit autant qu’une superbe œuvre d’art, tandis que mon patron ne semble considérer ses occupations que comme un moyen de gagner de l’argent.

Il est un brasseur d’affaires ; mais il ignore qu’il y a, dans la vie, quelque chose de meil­leur que de brasser des affaires. »

Ce n’est pas la possession de l’argent qui constitue la vraie richesse, celle qui éveille en nous la conscience d’un noble but à atteindre, celle qui donne l’assu­rance qu’on remplit bien sa mission, ici-bas, selon les plans que le Créateur a formés pour nous dès notre naissance.

Ce sont les richesses de l’âme, le généreux désinté­ressement, l’amour qui ne cherche pas son propre intérêt, la main qui aide, le cœur qui sympathise, qui
constituent la véritable richesse et remplissent celui qui la possède de la joie qu’on éprouve à accomplir noblement sa tâche.

Bien des fois j’ai fait un long voyage pour rendre visite à une humble demeure, à Amesbury, dans le Massachusetts. Toute la propriété ne vaut que quelques centaines de dollars, mais le fait que John Greenleaf Whittier y a vécu lui donne une valeur inestimable. Des gens traversent les océans pour venir la visiter.

Des admirateurs enthousiastes du poète emportent de ce lieu des souvenirs sous forme d’éclats de bois, de fleurs sauvages, de feuilles, etc., afin de se rappeler, et de rappeler à ceux qui viendront après eux, qu’un homme possédant une noble nature a vécu là.

Des milliers de gens, en Amérique, considèrent Whittier, le simple poète, comme un des plus riches trésors que ce pays ait produits, et cependant, considéré au point de vue des affaires, tout ce qu’il a laissé après lui n’a que la valeur d’un chant.

Faites attention à la manière dont vous parlez d’hommes et de femmes qui ont refusé d’adorer le veau d’or, parce qu’ils ont cru qu’il y a quelque chose de meilleur dans la vie que de gagner de l’argent.

Leurs monuments, érigés dans les parcs et sur les places publiques, proclament la valeur des vies héroïques qui survivront pendant des siècles, alors que vos millions seront oubliés depuis longtemps.

L’égoïsme n’est pas immortel. L’avarice ne vit pas longtemps ; ses enfants ont la vie courte.

Qui a jamais vu des gens faire des pèlerinages aux demeures des millionnaires n’ayant jamais rien fait pour le monde ?

Qui voudrait insulter à la mémoire de Whittier en demandant s’il était riche ?

Qui voudrait profaner le nom de Lincoln en demandant combien d’argent il a laissé, ou en affirmant qu’il n’a pas eu do succès parce qu’il était pauvre ?

Des centaines d’hommes et de femmes ont vécu, et sont morts dans de pauvres demeures, dans des mansardes, et même dans des asiles, qui cependant ont enrichi le monde par leurs vies, qui ont fait avancer la civili­sation, et procuré plus de bonheur à l’humanité que beaucoup de millionnaires.

Des hommes, qui n’ont jamais possédé mille dollars, ont laissé à la postérité des noms qui ne sont pas près de tomber dans l’oubli.

Considérez-vous comme vraiment pauvre un homme qui n’a peut-être point d’argent, mais dont le carac­tère est si exubérant, et qui a une si grande expérience de la vie, qu’il peut enrichir et rendre heureuse toute une fraction de l’humanité ?

Regardez-vous comme pauvre un homme dont les voisins se sentent enrichis par sa seule présence ?

Direz-vous qu’il est pauvre, tel homme qui vit dans une mansarde, mais dont l’existence augmente la valeur de tous ses alen­tours ? Considérez-vous comme pauvre celui qui est aimé par tous les enfants de son voisinage, qui regardent comme un grand honneur d’être invités chez lui, ou même simplement d’être salués par lui dans la rue ? Considérez-vous comme pauvre celui dont le foyer, quelque humble qu’il soit, est regardé comme l’asile de la paix et du bonheur ?

Etre accaparé par ses occupations, englobé dans une vie des plus compliquées, harassé par les soucis et les difficultés qui accompagnent une grande fortune, ce n’est pas être riche.

C’est l’incommen­surable égoïsme de l’humanité qui prise tellement l’argent et ce qu’il procure.

Mais il y a des mobiles plus nobles. Le temps, l’occasion et la volonté d’aider les autres, et de leur procurer du bonheur constituent le meilleur capital, et si vous ne pouvez l’amasser et vous en servir pour votre propre enrichissement, vous êtes vraiment pauvre, et vous ne connaîtrez jamais la joie et la satisfaction que donne une belle vie, lors même que vous posséderiez des millions.

 

Apprenons aux jeunes à avoir une vie ensoleillée – Joie de Vivre

February 26, 2012 par bonheur Pas de commentaire »

Si cela m’était possible, je voudrais imiter le philosophe qui fit suspendre dans les salles d’école des peintures représentant la Gaîté et la Joie, Flore et les Grâces.
~ Montaigne

PARVENU à un âge avancé, Olivier Wendell Holmes se déclarait redevable et reconnais­sant envers la bonne de son enfance, qui lui avait ensei­gné à ne prêter aucune attention aux incidents déplai­sants.

S’il se tordait le pied, s’il écorchait son genou ou son nez, elle ne lui permettait jamais de s’appe­santir sur la douleur momentanée, mais attirait son attention sur quelque objet agréable, ou lui racontait une belle histoire.

C’est à elle, disait-il, qu’il était redevable de sa vie longue, heureuse et ensoleillée.

Cette leçon peut être aisément apprise dans le jeune âge, difficilement dans l’âge mûr, et rarement, pour ne pas dire jamais, dans la vieillesse.

« Quand j’étais enfant, dit un autre auteur, on me consolait, lorsque je me coupais le doigt, en me faisant observer combien il était heureux que je ne me fusse pas cassé le bras, et lorsqu’un corps étranger entrait dans mon œil, on me faisait comprendre combien j’étais plus heureux que mon cousin qui avait perdu un de ses yeux par accident. »

«Je ne peux m’empêcher de croire, dit John Lubbock, que le monde serait meilleur et plus agréable si nos instituteurs insistaient autant sur le devoir du bonheur que sur le bonheur du devoir. »

Dans l’avenir, l’enfant apprendra comment il peut neutraliser tous les ennemis de son bonheur tels que la crainte, le souci, l’anxiété, la jalousie, l’envie, l’égoïsme. Il saura que rien ne peut trans­former un aimable caractère en un caractère hargneux, un caractère doux en un caractère acerbe comme l’habitude de garder des pensées de haine, de ven­geance et d’envie, et qu’on ne peut développer une disposition bienveillante en conservant des senti­ments qui ne sont pas charitables.

Les instituteurs de l’avenir sauront comment enseigner la science et l’éducation du cerveau ; comment prévenir et remédier à la faiblesse, aux singularités, aux idiosyncrasies ; comment neutraliser les ennemis du succès et du bonheur, comment fortifier la faiblesse et éliminer les obstacles qui, aujourd’hui, entravent tant de vies.

J’ai appris que le Dr Paul Valentine a institué une école de bonheur à Londres. Il n’y a certainement rien de plus nécessaire que d’enseigner, spéciale­ment aux jeunes, l’art du bonheur, cet art que tout être humain essaye de pratiquer, sans y parvenir !

Si nous étions, à cet égard, éduqués dès l’enfance comme nous le devrions, il nous serait aussi facile d’être heureux qu’il nous est facile maintenant d’être malheureux.

Il est aussi simple d’habituer un enfant à croire au, bonheur, de lui enseigner à regarder le bon côté des choses, qu’il l’est de lui en faire considérer le mauvais.

Le temps viendra où l’enfant sera habitué,dè8Ïe ! berceau, à croire au bonheur.

On lui enseignera que le bonheur lui est aussi naturel que la respiration, qu’il ne doit pas le considérer comme une chose possible, mais comme une chose indispensable, puisque de lui dépend tout son bien-être. On lui fera comprendre que son énergie, son succès, sa longévité, son influence, son pouvoir, dépendent dans une large mesure de son bonheur, de son harmonie intérieure.

Les parents de l’avenir apprendront à développer symétriquement le cerveau de leurs enfants, en déve­loppant les facultés faibles, de telle sorte que leur intelligence sera bien équilibrée et pourra les conduire au bonheur.

Notre premier devoir envers l’enfant est de lui- enseigner à exprimer sa gaîté et sa joie innées, avec la même liberté et le même abandon que met le pinson à égayer les prairies par son joyeux chant. Supprimer la gaîté et l’amour du jeu chez un enfant, c’est du même coup supprimer ses facultés mentales et morales. La joie disparaît du cœur d’un enfant lorsqu’il est constamment comprimé.

Les mères qui empêchent leurs enfants de faire ceci ou cela, qui leur recommandent sans cesse de ne pas rire, de ne pas faire de bruit, jusqu’à ce qu’ils aient perdu leur naturel et soient devenus de petits vieux, ne savent pas le mal qu’elles font.

Les enfants ne devraient rien connaître des soins anxieux, des pensées soucieuses et de l’humeur sombre. Leur vie devrait être constamment joyeuse, gaie, bruyante, ensoleillée, heureuse.

Il faudrait l’encourager à rire, à jouer, à courir au contentement  de leur cœur. Le côté sérieux de la vie ne les atteindra que trop vite ; faisons tout notre possible pour prolonger leur enfance. Nous rencontrons partout de ces visages mélancoliques, sans aucune trace de joie ou de gaîté.

Une enfance sans joie amène une vieillesse prématurée. Ce sont les souvenirs de la jeunesse, la joie et la gaîté conservées à travers les années d’activité, qui rendent la vieillesse agréable.

Un auteur célèbre a écrit : « Les enfants sans gaîté ne donneront jamais grand’chose. Les arbres sans fleurs ne donneront jamais de fruits. »

Le jeu est aussi nécessaire au développement de l’enfant que le soleil au développement de la plante. Les enfants qui ne peuvent s’épanouir, ou ne peuvent le faire qu’imparfaitement, ne seront jamais des êtres complets.

La nécessité du jeu pour le développement de l’enfant, dès son jeune âge, se retrouve dans la force de l’instinct qui pousse à jouer tous les jeunes du règne animal.

Une heureuse enfance est la préparation nécessaire à une heureuse maturité. Les dispositions, la tour­nure de l’esprit, les tendances de toute la vie se fixent dans l’enfance. L’habitude de la gaîté, prise dès le jeune âge, a une puissante influence sur l’homme mûr et sur toute sa carrière.

L’enfant qui a été élevé de manière à être heureux, à qui on a permis la libre expansion de l’enjouement de sa nature, n’aura jamais une prédisposition à la mélancolie. La mentalité morbide que nous ren­controns partout est due à une enfance comprimée.

Le fait que l’instinct du jeu, l’amour de la plai­santerie, sont si impérieux chez l’enfant, montre que c’est une nécessité de sa nature, et si on la supprime en l’étouffant, il s’en ressentira toute sa vie.

Une enfance joyeuse, heureuse, ensoleillée est à l’individu ce qu’un sol riche et ensoleillé est à la jeune plante. Si les conditions ne sont pas favorables à sa première croissance, la plante végète, s’atrophie et ne peut plus être redressée plus tard. Pour les plantes, comme pour les hommes, c’est dans leur jeunesse qu’il faut s’en occuper.

Une enfance compri­mée ne produira qu’un nain moral, sinon physique. Un entourage joyeux, heureux, gai, développe les énergies, les ressources cachées qui resteraient à l’état latent dans une atmosphère réfrigérante et sombre.

Partout, nous rencontrons des hommes et des femmes mécontents et malheureux, uniquement parce que leur jeunesse a manqué de gaîté et de soleil. Lorsque l’argile est séchée, elle ne peut plus prendre de nouvelles formes.

Peut-on rien voir de plus anormal, sur notre belle terre, qu’un enfant soucieux, triste, une fleur humaine fanée avant qu’elle ait eu le tempe d’ouvrir tous ses pétales, et de répandre son parfum et l’éclat de sa beauté !

Quelqu’un a péché et est responsable de cet état de choses, de ces énergies étouffées, de ces promesses de développement avortées.

L’enfance devrait être ensoleillée. Les nuages n’ont rien à faire avec l’enfance. La joie, la beauté, l’exubé­rance, l’enthousiasme, l’élan, appartiennent à l’en­fance. Un enfant triste, soucieux, un enfant sans enfance est une anomalie.

Laissez les enfants donner essor à la gaîté de leur nature, et ils deviendront des hommes et des femmes utiles. La spontanéité, l’élan, l’expansion de la force animale, sont de grande valeur en éducation.

Les enfant» que l’on encourage dans cette expansion seront bien mieux armés pour la lutte de la vie. Ils réussiront mieux, et auront une meilleure influence dans ce monde, que ceux qui auront été comprimés.

Beaucoup de personnes pensent qu’elles doivent réprimer leur amour de la gaîté et de la bonne plaisan­terie.

Elles croient qu’elles se feront estimer en étant calmes, dignes, correctes, et que si elles lâchaient un peu la bride à leur joyeuse nature, on les traiterait de personnes légères et frivoles. Nous avons tous connu de ces gens qui traversent la vie, pour ainsi dire la main sur la bouche, comme s’ils craignaient de rire ou de dire quelque chose de plaisant.

Oh ! quelle satisfaction de commencer de bonne heure à développer les facultés de l’âme, du cœur, de l’œil et de l’oreille : de développer les meilleurs senti­ments, et la précieuse faculté de l’observation.

Ceux qui sont élevés ainsi pourront mettre de la poésie dans la vie la plus prosaïque, faire entrer le soleil dans le foyer le plus sombre, et répandre de la beauté et de la grâce dans le milieu le plus terne.

B n’y a presque pas de limites à l’enrichissement, à l’ennoblissement et à l’embellissement de la personna­lité par la libre expansion de la gaîté juvénile.

Si l’on enseignait la philosophie de la joie à tous les enfants, il y aurait comparativement bien moins de malheur, de maladie ou de crimes. Nous estimons nécessaire de développer l’intelligence en vue des affaires, mais nous oublions de développer la faculté de l’optimisme et de la gaîté.

Cependant, rien n’est plus nécessaire à l’enfant que d’acquérir l’habitude de la gaîté. On devrait la consi­dérer comme une préparation essentielle à la vie, et ne rien négliger de ce qui peut la développer.

 

La chasse au bonheur – Joie de vivre

February 21, 2012 par bonheur Pas de commentaire »

L’HOMME a été créé pour être heureux. L’amour de la plaisanterie, de l’amusement, des joies qui durent, est très fort en tout homme normal.

Si l’on demandait à chacun ce qu’il désire le plus ardemment, la réponse certaine serait : la santé, la fortune et le bonheur. Et si chaque être humain devait exprimer son vœu le plus cher, ce serait sans contredit le bonheur.

Tout homme recherche le bonheur, sans même qu’il s’en doute.

Tous, nous cherchons à améliorer nos conditions de vie, à rendre notre existence plus agréable. Tous, nous cherchons à échapper au travail trop dur, à la vie trop laborieuse et trop difficile.

Et cependant, quoique le genre humain soit parti à la chasse du bonheur, dès les commencements de l’histoire, combien peu l’ont trouvé, ou ont seule­ment l’idée de ce qu’il est !

Qu’il ne soit pas où on le cherche, c’est l’expérience de tous ceux qui se sont mis à sa poursuite. Ce n’est pas ainsi qu’on peut l’atteindre.

Il est le produit d’une action continue, et non le résultat d’une chasse à courre.
Le vrai bonheur est si simple que la majorité des gens ne le reconnaissent pas. Il dérive de la chose la plus simple, la plus paisible, la moins prétentieuse du monde.

Le bonheur ne peut cohabiter avec l’égoïsme, la paresse et la discorde. Il est l’ami de l’harmonie, de la vérité, de la beauté, de l’affection, de la simpli­cité.

Des multitudes d’hommes ont fait fortune, mais ont perdu la faculté de jouir du fruit de leurs efforts. Combien souvent nous entendons faire cette remar­que :

« Il a de l’argent, mais il ne sait pas en jouir. »

« Quelques personnes se donnent beaucoup de peine pour arriver au bonheur, et leurs efforts échouent misérablement.. Le bonheur est toujours où on ne le cherche pas. »

Celui qui recherche égoïstement le bonheur ne goûtera jamais la satisfaction intime qui provient d’une bonne action. Le bonheur fuit toujours le chercheur égoïste, car l’égoïsme et le bonheur ne peuvent vivre ensemble.
Ceux qui savent le mieux s’oublier eux-mêmes sont ceux qui savent le mieux apprécier les joies de la vie. L’habitude de découvrir le bon côté de chaque situation aide merveilleusement à trouver le bonheur.

Mais beaucoup de gens sont incapables de goûter le vrai bonheur, parce qu’ils ne font cas que de ce qui contribue à leur propre confort, à leurs plaisirs ou à la satisfaction de leurs besoins.

Les personnes qui pensent toujours à elles-mêmes, qui essayent constamment de trouver ce qui pourra les rendre heureuses ou contribuer à la réalisation de leurs désirs égoïstes, sont toujours désappointées. Le bonheur est né frère jumeau du bonheur d’autrui, bien-être, la satisfaction d’un autre, qui trouvé son propre bonheur.

Celui qui s’imagine trouver le bonheur en consa­crant les meilleures années de sa vie à gagner de l’argent, tout en sacrifiant son foyer, ses amitiés, son propre perfectionnement, et tout ce qui a réellement de la valeur, se prépare de cruelles désil­lusions.

Lorsqu’un homme a transformé son habileté, ses énergies en pièces d’or, lorsqu’il a négligé de cultiver les facultés qui seules l’auraient rendu capable d’apprécier le vrai bonheur, il ne peut plus faire revivre les cellules de son cerveau qu’il a laissées s’atrophier. Il ne peut plus s’affranchir des habitudes de toute une vie, même lorsqu’il s’est retiré des affaires.

Si vous n’avez pas conservé votre faculté d’appré­cier tout ce qui est beau, bon et vrai, vous découvrirez avec surprise que vous l’avez perdue, tout comme Darwin fut surpris, dans l’âge mûr, de découvrir qu’il avait perdu la faculté d’apprécier Shakespeare et la musique.

Beaucoup d’hommes poursuivent les moyens de jouir, au prix de la faculté de jouir. Ils tuent leur capacité d’apprécier le bonheur, tout en cherchant les moyens de se le procurer.

Le criminel lui-même s’imagine que son crime améliorera sa condition, que le vol l’enrichira, ou qu’il sera plus heureux lorsqu’il se sera débarrassé de l’ennemi qui lui barre la route du bonheur.

Aucun homme ne peut être heureux lorsqu’il est forcé de mépriser ses propres actions, quand il a la conscience du tort qu’il fait, soit en intention, soit en actes.

Aucun homme ne peut être heureux quand il entretient des pensées de vengeance, de jalousie, d’envie ou de haine. Il faut avoir une conscience nette et un cœur pur pour être heureux.

Lorsqu’on a le sentiment d’avoir bien agi, on peut être heureux, même dans les circonstances les plus adverses. Si on ne l’a pas, on peut être misérable dans les condi­tions d’existence les plus favorables.

Fouquier-Tinville, l’accusateur qui, sous le règne de la Terreur, faisait partie du Comité révolutionnaire en France, se vantait d’éprouver un grand plaisir à surveiller l’exécution des braves, des jeunes, des nobles, des vieillards.

On raconte que l’acquittement d’un prisonnier rendait Fouquier-Tinville très mal heureux, et sa condamnation très heureux.

Il trouvait un soulagement à ses fatigues en surveillant ces exécutions. « Ce spectacle, disait-il, me fait plaisir. »

Un homme peut trouver son plaisir dans ce qui l’avilit, et le rend honteux et dégoûté de lui-même le lendemain.

Un autre trouve le sien à aider les mal­heureux.
« Quelle belle journée nous avons passée ! » ou « Quelle journée agréable nous avons eue ! »

Voilà les remarques que l’on entend souvent de personnes qui reviennent d’une partie de plaisir. Des gens de toutes sortes poussent ces exclamations, mais cela ne signifie pas grand’chose, car elles n’indiquent pas le genre de plaisir qui a été goûté.

Nous ne nous rendons pas toujours compte des mobiles qui nous font agir, mais tous nous cherchons | nous procurer un peu plus de confort, une position un peu meilleure, un peu plus de bonheur.
Le vrai bonheur, toutefois, ne consiste pas dans | l’excitation du système nerveux.

Il ne provient pas du manger, du boire, de la vue ou de l’ouïe.

II ne consiste pas dans la satisfaction des désirs, ou dans la possession. Le vrai bonheur naît d’un noble effort, d’une vie utile! On le trouve un peu ici, un peu là, dans un mot aimable, une action généreuse, une aide bienveillante.

Nous le goûtons dans toute pensée juste, dans toute parole aimable et dans toute action bonne ; on ne peut le trouver ailleurs. Comme on l’a dit, le bonheur est une mosaïque composée de .très petites pierres.

Chacune d’elles prise séparé­ment a peu de valeur, mais, réunies, elles forment un précieux joyau.

Souvenez-vous, vous qui vous lancez à la chasse du bonheur, que, où que ce soit que vous alliez le – chercher, vous ne trouverez que celui que vous portez en vous. Votre bonheur ne sera jamais en dehors de vous-même, et c’est vous qui en fixerez les limites. Elles dépendent de votre capacité de jouir.

« Nous ne trouverons rien dans le monde que nous ne trouvions d’abord en nous-mêmes. » Le bonheur est la plus haute expression de ce qu’il y a de meilleur en nous.

Il est l’enfant de l’effort honnête.

En dépit de la philosophie de la Bible, qui nous enseigne que le royaume des cieux est au-dedans de nous, la grande majorité des hommes ont tou­jours cherché ce royaume en dehors d’eux-mê­mes.

Ils emploient leur vie à essayer de le trou­ver dans les choses matérielles, dans la fortune, la propriété, la nourriture, la boisson, dans le vêtement et les plaisirs.

En d’autres termes, ils essayent de saisir le royaume des cieux avec leurs cinq sens, qui excitent leurs nerfs ; c’est-à-dire qu’ils recherchent un Dieu extérieur,

Partout, nous rencontrons des gens qui flattent les forts, méprisent les faibles, et essayent de recevoir des autres ce qu’ils jugent nécessaire à leur bonheur.

Le malheur est que nous cherchons le bonheur dans les choses qui passent, dans la satisfaction de nos désira, dans les plaisirs matériels. Le bonheur consiste à donner, à agir, et non à recevoir, à accaparer.

Accumuler ne vous rendra jamais heureux. Ce que l’homme est, et non ce qu’il possède, voilà ce qui le rend heureux ou misérable.

Le cœur humain est toujours altéré. S’il a soif de recevoir, il est malheureux ; s’il a soif de donner, il est heureux. Le vrai bonheur a toujours la saveur . d’une souffrance vaincue.

Le bonheur est la récompense des services rendus aux autres, de l’effort héroïque que nous faisons pour essayer de faire notre part dans ce monde, de remplir notre devoir.

Il faut que nous ayons la volonté d’aider, de rendre ce monde un peu meilleur par nos efforts.

De petites attentions, des paroles aimables, de légers services rendus en passant, des devoirs fidèle­ment remplis, du dévouement, de l’amitié, de l’amour témoignés, tout cela paraît peu de chose, et cependant c’est ce qui nous conduit au bonheur.

En dehors de toutes nos différences de races ou de religions, il y a une unité d’origine et de vie qui, si nous en étions conscients, ferait disparaître toutes ces différences. Nous comprendrions que nous sommes tous enfants du même Dieu, que nous avons tous la même origine, et nous pratiquerions la fraternité universelle.

«J’en suis venu à considérer la vie, dit William Dean Howells, non comme la poursuite d’un bonheur personnel impossible, mais comme un désir ardent de poursuivre le bonheur de la famille humaine tout entière.

Il n’y a pas d’autre manière d’atteindre le bonheur. »

 

L’art de vivre – La joie de vivre

February 17, 2012 par bonheur Pas de commentaire »

Celui qui est son propre roi jouit de se gouverner lui-même, et n’envie rien aux monarques de la terre.
~ Sir Thomas Brown

N’EST-IL pas étrange que nous, qui devrions pratiquer avec succès l’art de vivre, nous ne soyons pas même, au moins la plupart d’entre nous, des dilettantes dans cet art qui est cependant le premier des arts ?

Nous n’apprenons jamais à bien vivre. Nous devenons des spécialistes dans notre profession ou nos affaires, mais dans l’art de vivre, duquel dépend cependant notre bonheur ou notre malheur, nous ne devenons jamais experts.

Nous ne savons presque rien de l’organisme humain, qui renferme le secret de notre succès et de notre bonheur. Nous lui accordons beaucoup moins d’attention qu’au méca­nisme de notre profession.

L’organisme humain est le seul médium par lequel l’âme et l’esprit communiquent avec le monde matériel, et ce merveilleux mécanisme, ce magnifique, devrait être maintenu dans les meilleures condition, car tout ce qui lui nuit, nuit à l’expression de l’âme.

Le système d’éducation qui règne actuellement nous apprend tout, excepté ce qui nous serait le plus nécessaire : l’art de vivre.

Les écoles et les collèges nous enseignent une quantité de choses qui ne nous serviront jamais directement dans la vie pratique, mais ils effleurent à peine l’étude de notre merveilleux organisme humain, et plus d’un gradué d’université peut à peine décrire la situation et les fonctions des organes vitaux dont dépendent notre vie et notre bien-être.

Très fort en langues anciennes, en histoire, en philosophie, en sociologie, il sait très peu de choses sur ce qui lui est cependant plus important à connaître que toutes les sciences du monde, son propre organisme et la manière de le traiter.

L’art de vivre est plus important que toute autre chose, et cependant l’homme traverse la vie ignorant de la structure de son corps, qui est bien plus délicat et réclame des soins bien plus attentifs que la plus délicate des machines.
Que penseriez-vous d’un homme qui achèterait la meilleure et la plus compliquée des automobiles du monde, et qui la confierait à un individu n’ayant aucune notion de sa construction, afin qu’il lui serve de chauffeur dans un grand voyage qu’il entrepren­drait avec toute sa famille ?

Pour qu’un chauffeur devienne expérimenté, il faut qu’il apprenne à démonter l’automobile, à en connaître toutes les parties et leur fonctionnement, car de précieuses vies dépendront de son savoir, de son habileté et de son expérience.
Mais que connaissent la majorité des gens de cette merveilleuse machine humaine, si admirablement ajustée, que chacune des innombrables cellules qui la composent est modifiée par chaque pensée ou chaque mouvement de l’esprit ?
Un professionnel de la vie ne compromettrait pas le fonctionnement journalier de la machine humaine, comme la plupart d’entre nous le font, en mangeant trop ou pas assez, ou en n’ayant pas de régularité dans sa manière de vivre. Il ne voudrait pas se rendre malade pendant des jours en maltraitant les délicates cellules nerveuses de son cerveau, en se livrant à la colère, à la haine, à la jalousie, à la crainte ou au souci. Il protégerait, au contraire, cet organisme sensible et délicat contre la multitude de ses ennemis physiques ou mentaux.

Quel dommage que la plupart des humains ne connaissent pas la science qui leur apprendrait à faire mouvoir la machine humaine avec le moins de frottements possible, le secret de faire concourir 1 envi­ronnement à son bien, de transformer en matériaux de vie toutes les circonstances de l’existence, tout comme Michel-Ange faisait concourir toutes ses expé­riences à la réalisation de ses chefs-d’œuvre.

La meilleure des locomotives est capable de transformer en force impulsive environ le 20 % de l’énergie contenue dans le charbon qui la chauffe, tandis que la machine humaine, dans son meilleur état, n’est pas encore capable de transformer en force impulsive le plus faible pourcentage de l’énergie ou de l’intelligence humaines.

Sous une direction scientifique, la machine humaine deviendrait capable de produire des forces merveilleuses, de l’harmonie, un perpétuel bonheur-
Mais qui a jamais entendu parler d’un maître expert dans l’art de vivre ? Nous, maltraitons si bien notre organisme, qu’il est, la plupart du temps, incapable de produire le minimum de ce qu’il pourrait donner. Bien des hommes, passés maîtres dans le gouverne­ment de leurs affaires, font de leur vie un véritable fiasco.

Combien peu de personnes sont véritablement heu­reuses ! Cependant, chaque être humain essaye d’atteindre le bonheur après lequel il soupire, mais il ne réussit qu’à produire le désaccord au lieu de l’harmonie, parce que son organisme est détraqué, et qu’il ne sait comment rétablir l’ordre, ou parce qu’il ne veut pas payer le prix que réclame l’effort scientifique, persévérant, qui le rendrait expert dans l’art de diriger la machine humaine.
Que de peines nous endurons, quelles humiliations, quels embarras, simplement parce que les rouages de notre machine ne sont pas ajustés scientifiquement !

Pensez à la somme de souffrances que nous pro­murent nos nerfs fatigués, dont nous avons abusé, et qui empêchent notre organisme de fonctionner sans frottements, détruisant ainsi l’harmonie de notre être. Nous n’avions pas l’intention de faire de la peine à ceux que nous aimons en étant irritables, impatients ; nous ne voulions pas détruire la paix de notre foyer par notre humeur désagréable.

Nous ne désirions pas insulter nos employés, comme nous l’avons fait dans notre irritation, mais tout ceci est arrivé parce que notre machine n’était pas en ordre. Les cellules du cerveau et des nerfs étaient empoi­sonnées par la fatigue, par les débris résultant de la fatigue du jour précédent. Notre délicat système nerveux a produit la discorde, alors qu’il est fait pour produire l’harmonie, simplement parce qu’il ne pouvait fonctionner doucement, n’ayant pas été rafraîchi et renouvelé par une bonne nuit de repos.

L’inquiétude, le souci, une nourriture trop copieuse, l’abus des stimulants, la dissipation, la violation de quelque loi naturelle, sont les auteurs responsables de tout ceci.

Il n’y a rien de plus humiliant, pour un homme, que de perdre ainsi tout contrôle sur lui-même, de cons­tater que sa machine s’emballe et cause toutes espèces de dommages, sans que lui, le chauffeur, puisse l’arrêter.
Une des choses les plus humiliantes est le triste spectacle qu’offre celui qui, par la colère, a perdu tout empire sur lui-même.

Lorsqu’il ne peut plus commander à son cerveau, il révèle la brute qui est en lui ; il expose à tous les regards les vilains traits de son caractère, ceux qu’il cache soigneusement à ses amis. Tout vient à la lumière, et s’offre à la critique de ceux dont il recherche l’estime.
Vous qui dites que vous ne pouvez maîtriser votre tempérament, que l’explosion se produit avant que vous ayez eu le tempe d’y penser, avez-vous jamais réfléchi que votre cerveau n’est pas vous, qu’il est absolument sous votre contrôle, que la grande machine humaine est Soumise à l’esprit, que vous pouvez surveiller chacune de vos pensées, et rester maître de chacune de vos émotions par une éducation appropriée, de telle sorte que votre machine ne s’emballe jamais ? Vous êtes l’être qui dirige le cerveau.

Avez-vous jamais réfléchi que, devant certaines personnes, vous n’oseriez pas vous mettre en colère, quelque grande que soit la provocation ?

Tout homme connaît quelque femme ou a quelque ami devant lesquels il ne voudrait pour rien au monde perdre la maîtrise de lui-même. Et ce même homme ne se gênera pas de se fâcher devant un employé qu’il considère comme un rouage, et auquel il ne se sent pas astreint de témoigner du respect ou de la considé­ration. Ceci ne prouve-t-il pas que nous pouvons nous maîtriser beaucoup plus que nous ne le croyons possible ? Les personnes les plus colériques ne montrent aucune impatience, quelque envie qu’elles en aient, lorsqu’elles assistent à une réception ou à un dîner. Elles n’en auraient pas même l’idée.

Si nous respections, comme nous le devrions, tous ceux avec qui nous vivons, même les êtres les plus humbles, nous n’aurions plus aucune peine à nous dominer.
La majorité des gens gardent dans leur esprit et dans leur cœur des rancunes, des antipathies, des jalousies qui, pour n’être pas toujours manifestées extérieurement, n’en empoisonnent pas moins leur vie intérieure.
Pensez à la révolution qui s’accomplirait dans nos vies, si seulement nous prenions garde au son de notre voix !

Vous pouvez dire à un chien des mots agréables avec un ton qui l’effrayera ou le rendra malheureux pendant des heures. D’autre part, vous pouvez lui dire des injures d’une voix douce qui lui fera remuer la queue en signe de contentement.

Notre langage et nos manières font le bonheur ou le malheur de ceux qui nous entourent. Jetez un os à un chien, il s’en emparera et se sauvera en l’empor­tant, la queue entre les jambes, sans manifester la moindre gratitude ; mais appelez-le gentiment et laissez-lui prendre l’os dans votre main, en lui parlant d’une voix douce, et il vous manifestera de la reconnaissance.

Bien des frottements, dans la vie, sont dus à notre ton. Notre voix exprime nos sentiments, notre attitude envers les autres.

Une voix discordante est fatigante. Le simple fait de baisser la voix lorsque vous sentez que la colère fait courir le sang dans vos veines, calmera votre emportement. Nous savons comment des enfants colériques peuvent arriver à un état de rage indescriptible en se mettant à crier quand tout ne va pas comme ils l’entendent. Plus ils crient, plus ils s’excitent, jusqu’à ce qu’ils provoquent par­fois une violente crise de nerfs. Leur ton fâché excite leur colère, tandis que s’ils adoucissaient leur voix, leur emportement cesserait.

Que de malheurs pourraient être évités au foyer, si tous les membres de la famille pouvaient prendre la résolution de ne jamais élever la voix, si les maris, enclins à trouver leur femme en faute, savaient retrouver la douce voix avec laquelle ils lui parlaient lorsqu’ils désiraient obtenir sa main, s’ils adoptaient, une fois mariés, les mêmes procédés dont ils usaient pendant le temps de leurs fiançailles !

Le ton sarcastique, tranchant, hargneux, discor­dant de la voix est, dans une grande mesure, respon­sable du malheur, non seulement au foyer, mais aussi dans le monde des affaires et dans la société en général.
Les natures faibles, qui s’impatientent et se laissent désarçonner par des choses sans importance, montrent qu’elles sont incapables de dominer la situation et de maintenir l’harmonie. Leurs manières irritées indiquent qu’elles manquent d’harmonie intérieure, et ne peuvent par conséquent pas être en harmonie avec leur entourage ; elles sont les victimes de leur humeur ; elles en souffrent, et font souffrir les autres. Les personnes qui perdent facilement leur égalité
d’humeur, qui se mettent en colère à la moindre provocation, ne se rendent pas compte qu’en agissant ainsi, elles influent d’une façon néfaste sur la délicate structure de leur cerveau, et qu’elles devienront incapables de se maîtriser, qu’elles perdront tout empire sur elles-mêmes, au point de faire explosion automatiquement.
B n’y a pas de spectacle plus humiliant que l’exhibition des sentiments vils, méprisables et brutaux d’un homme en colère. Dans un semblable moment, la Raison est enchaînée, la Sagesse cache sa tête, honteuse, le Bon Sens et le Jugement des­cendent du trône, la bête s’installe à leur place, et l’Anarchie règne dans le royaume mental.
Lorsque vous vous êtes ainsi livré à la colère, vous sentez que quelque chose de précieux a été détruit dans votre vie. Votre propre estime, votre dignité ressortent amoindris de la conflagra­tion
On plaça un jour, devant un enfant livré à un accès de rage, un miroir .dans lequel il vit son visage ; il fut si honteux et si peiné du spectacle qui lui était offert, qu’il cessa de crier. Si les adultes pouvaient aussi se voir lorsque la colère les emporte, s’ils pouvaient constater les ravages qui se font à l’inté­rieur de leur cerveau et dans leur système nerveux, s’ils se rendaient compte de l’expression de leurs yeux, ils ne pourraient pas supporter cette vue.
La conscience de votre responsabilité dans la direc­tion de votre corps peut vous aider puissamment à vous maîtriser.
Nul ne peut être vraiment heureux avant d’être maître de son humeur, avant d’avoir appris à gouver­ner sa machine, à l’entretenir, mentalement et physiquement, dans de bonnes conditions. Tout dépend de cela.

Sans doute, une machine compliquée peut faire des choses remarquables, même lorsqu’elle n’est pas tenue en parfait état ; mais cette même machine ferait des merveilles et durerait bien plus longtemps, si elle était bien soignée et bien entretenue.

Une montre ne prouve pas sa bienfacture par un excellent balancier ou par un bon ressort. Sa perfec­tion ne dépend pas de l’une quelconque de ses parties, mais elle est le résultat de l’accord parfait qui règne entre toutes, de l’ajustement et des rapports exacts établis entre ses roues, leurs supporte, les ressorts, etc. Une montre qui serait parfaite, à l’exception d’une de ses plus petites roues, ne servi­rait à rien, et tout l’ouvrage du fabricant serait annulé. Non seulement, chacune de ses parties doit être parfaitement établie, mais toutes ensemble doivent former un tout parfait.

La santé est au corps ce que la bienfacture est à la montre. Elle consiste dans l’harmonieuse relation entre toutes les parties du corps ; la plus légère Imperfection, dans n’importe quel organe, jette le trouble dans tout l’organisme. Des poumons bien développés, des muscles solides, un foie en bon état, ne constituent pas nécessairement la santé. Une santé parfaite est le résultat de l’harmonie entre tous les organes du corps.

De même, la santé morale résulte de l’harmonie entre toutes les facultés morales. La force et le bon­heur proviennent du développement harmonieux et symétrique de la machine humaine, ainsi que de la maîtrise exercée sur elle.

 

Vivons dans le moment présent – Comment découvrir le secret du bonheur – La joie de vivre

November 9, 2011 par bonheur Pas de commentaire »

Heureux est l’homme qui sait faire sien le moment présent et qui peut se dire : Quoi qu’il arrive demain, j’ai vécu aujourd’hui
~ DrydEn.

Si quelque habitant d’une autre planète pouvait venir visiter la nôtre, il penserait sans doute, en considérant ses habitants, que ceux-ci sont tous en route pour une destination éloignée, et que ce qu’ils appellent la vie n’est qu’une courte halte, un séjour temporaire dans leur propre pays.

Ce visiteur trouverait bien peu de personnes sachant vivre dans le moment présent. La plupart des hommes ont leurs regards fixés sur l’avenir, et pensent qu’ils n’auront vraiment le temps de vivre et de jouir de la vie que lorsque leurs affaires seront meilleures, leur fortune faite, lorsqu’ils auront pu acquérir certaines choses qu’ils considèrent comme nécessaires à leur bonheur, ou se débarrasser de ce qui les gêne, en un mot, lorsque tout autour d’eux sera harmonieux et confortable. Ils ne savent jouir de rien aujourd’hui Nos yeux sont si obstinément fixés sur l’avenir, sur quelque but lointain, que nous ne savons pas voir les beautés et les joies du moment présent. Nous vivons dans l’attente de ce qui viendra plus tard, et nous perdons ainsi la faculté de jouir de ce que la vie nous offre aujourd’hui de bon et de beau. Nous vivons demain, sans nous rendre compte qu’en réalité demain ne vient jamais, puisqu’il est toujours renvoyé au lendemain.

Nous ressemblons à des enfants poursuivant un arc-en-ciel. Si nous pouvions l’atteindre, quel bonheur ! Nous perdons notre temps à construire des châteaux en l’air pour l’avenir. Nous ne croyons pas que le moment présent est celui qui vaut la peine d’être vécu, et nous nous imaginons que celui qui viendra après sera meilleur.

Aussi la plupart des hommes sont-ils mécontents, nerveux, agités et malheureux. Us ont un regard in­quiet, qui semble scruter l’horizon, et prouve qu’ils ne vivent pas dans le présent.

Beaucoup de personnes s’attardent dans le passé, et regrettent les occasions perdues et les chances qu’elles ont laissé échapper ; en faisant, elles négligent le moment présent, qui leur semble de peu de valeur ; elles n’en feront cas que lorsqu’il aura passé. Il est étonnant de constater quelles forces nous perdons à regretter le passé, et comme nous comprenons bien ce que nous aurions pu faire, lorsqu’il est trop tard. Oh ! comme nous agirions autrement si ces occasions nous étaient rendues !

Le bonheur d’une multitude de gens est compromis par le souvenir de fautes commises, ou d’expériences malheureuses faites dans le passé.

Pour être heureux, il nous faut apprendre à oublier, à enterrer tout ce qui nous rappelle de fâcheux souvenirs. Car ces souvenirs ne peuvent que nous enlever l’énergie dont nous avons besoin pour corriger nos erreurs et réparer nos bévues.

Dans une séance d’un Congrès d’agriculture, on demandait un jour, à un vieux fermier, son opinion sur la qualité du terrain nécessaire pour faire prospérer une certaine espèce de fruit. «Cela n’a pas grande importance, répondit le vieillard ; la qualité de l’homme qui cultive le terrain a plus de valeur que celle du terrain lui-même. » C’est ainsi qu’un fermier intelligent, travailleur et habile, fait ses affaires avec un terrain pauvre et stérile, tandis que celui qui ne possède pas ces qualités s’appauvrit, même sur le sol le plus riche.

Le bonheur ne dépend pas autant des circonstances extérieures que de notre état d’esprit.

Il n’est pas difficile de trouver le bonheur dans des conditions idéales ; tout le monde en est capable. Mais celui-là seul qui est bien équilibré, et sait se dominer, le fait surgir des conditions les plus désavantageuses. « Le paradis est ici et nulle part ailleurs ; vous devez avoir le bonheur en vous-même, ou vous ne le trouverez jamais. »

Le malheur est que nous attendons trop d’événe­ments extraordinaires ; nous oublions ainsi de regarder les fleurs qui se trouvent sur le chemin de la vie, et qui nous offrent pourtant leur beauté, leur parfum et une pure jouissance.

Beaucoup de personnes, qui essayent cependant de se développer dans tous les domaines, ont de la peine à voir comment elles pourraient trouver le bonheur dans leur vie humble et monotone, dans la vocation qu’elles ont choisie par nécessité ou pour faire vivre ceux qui dépendent d’elles. Ces personnes feraient bien d’étudier la vie des abeilles, qui, à chaque minute de la belle saison, savent trouver ce qui leur est nécessaire pour faire leur miel, dans des mauvaises herbes, dans des fleurs vénéneuses, dans ce qui semblerait impossible de leur fournir une nourriture saine.

Si nous parvenons à être heureux, ce sera parce que nous aurons su tirer notre bonheur de notre environ­nement, malgré ses vexations, ses soucis et ses condi­tions défavorables. Celui qui n’apprend pas, à mesure qu’il avance, à trouver son bonheur dans son travail de chaque jour, avec toutes ses épreuves, ses difficultés, ses désappointements, n’a pas su découvrir le grand secret de la vie. C’est dans le cycle des devoirs journaliers, dans les luttes et les difficultés de la vie, dans les frottements avec les autres, dans la mêlée quotidienne avec le monde agité, bruyant, intéressé, que nous devons butiner le miel de la vie, tout comme les abeilles savent tirer le suc de toutes les espèces de plantes.

Le monde entier renferme des mines de joies inexploitées. Partout où nous allons, nous rencontrons le minerai du bonheur ; apprenons à l’extraire. « Chaque chose a sa valeur, si seulement nous savons la découvrir. La moitié des joies de la vie se trouve dans les petites choses, cueillies au passage. »

Réalisez-vous parfois que vous vivez actuellement la vie qui vous semblait si pleine de promesses dans votre enfance et votre adolescence ? Retrouvez-vous, dans les jours et les semaines qui s’enfuient, les radieux rêves d’avenir, qui enchantaient votre imagination juvénile comme le mirage du désert charme le voyageur fatigué ? Vous arrêtez-vous quelquefois, pour considérer que le temps que vous essayez de tuer maintenant est celui après lequel vous avez si ardemment soupiré, et qui vous semblait alors si précieux ; que les moments qui vous pèsent si lourdement sont ceux que vous étiez décidé à ne pas laisser échapper avant qu’ils vous aient donné tout ce qu’ils renfermaient ?

Pourquoi ce qui vous semblait un paradis, quand vous le regardiez à travers les lunettes de la jeunesse, vous semble-t-il maintenant un désert aride ? Parce que votre vision est défectueuse. Vous considérez votre environnement d’un faux point de vue. Vous êtes désappointé, mécontent et malheureux, parce que vous dépensez en vains regrets le temps qui, bien employé, convertirait ce qui vous semble un désert aride en un paradis semblable à celui que vous rêviez dans votre jeune âge.

« Oui, ici, dans le moment actuel, si misérable, si méprisable, ici et nulle part ailleurs, se trouve la réalisation de ton idéal. Fais-l’en surgir ; travaille, crois, vis, et sois libre. L’idéal est en toi-même, les obstacles à sa réalisation sont aussi en toi-même ; tes conditions de vie ne sont que la matière d’où tu dois faire surgir ton idéal. Peu importe que cette matière soit fine ou grossière, si la forme que tu lui donneras est héroïque, poétique ! Oh ! toi qui te sens ligoté par le moment présent, et qui réclames avec amertume aux dieux un royaume où tu pourrais régner, apprends cette vérité : ce que tu cherches est déjà près de toi, ici et nulle part ailleurs, si seulement tu peux t’en rendre compte ! »

Vous vous imaginez que lorsque vous atteindrez le pays fertile de l’avenir, les fruits tomberont mûrs dans votre giron, sans que vous ayez ensemencé ou arrosé le sol. Vous rêvez de moissonner où vous n’avez pas semé. Vous regardez toujours à l’avenir, poursuivant un mirage. Vous vous éveillerez un jour, et vous découvrirez, peut-être trop tard, qu’il n’y a rien à récolter dans l’âge mûr, pour celui qui n’a pas semé dans sa jeunesse.

Nous ne pouvons pas affranchir notre vie du temps. Pourquoi sommes-nous si insouciants, si prompts à perdre du temps, tout spécialement dans la jeunesse, alors que nous tenons cependant tant à la vie ? En gaspillant le temps, du môme coup nous perdons notre vie ; en l’employant bien, nous enrichissons notre existence.

Combien peu de personnes savent voir le rapport qui existe entre le temps et la vie ! On croit pouvoir gaspiller le temps en toutes espèces de folies et de dissipations, sans nuire à la vie ; mais les deux sont inséparables. Souvenez-vous que, lorsque vous négligez une heure ou une soirée, ou, ce qui est pire encore, lorsque vous les dépensez dans des plaisirs qui démoralisent, affaiblissent le caractère et créent des habitudes vicieuses, vous détruisez une portion de votre vie. Lorsque vous aurez atteint la vieillesse, vous regretterez amèrement le tempe précieux que vous aurez ainsi gaspillé.

Il n’y a qu’une manière de vivre réellement : c’est de commencer chaque journée avec la ferme résolution d’en tirer le meilleur parti possible, de ne rien négliger de ce qui peut la rendre bonne et fructueuse. Peu importe ce qui arrivera ou n’arrivera pas, soyez résolu à retirer de chacune des expériences de la journée quelque chose de bon, quelque chose qui vous rendra plus sage, et vous enseignera à commettre moins d’erreurs le lendemain. Dites-vous : « Aujour­d’hui, je commence une nouvelle vie. J’oublierai tout « ce qui, dans le passé, m’a causé de la peine, du chagrin ou de la honte. »

J’ai connu une mère qui, lorsque la mort lui eut enlevé ses enfants, son mari et presque toute sa famille, demandait chaque jour que la mort vînt la délivrer de ses affreuses souffrances. Mais au bout de quelques années, on la vit de nouveau sereine et heureuse ; elle s’était consolée en aidant les autres. Le monde ne lui semblait plus si noir, et la vie n’était plus pour elle une cruelle énigme. Trop de gens avaient besoin d’être aidés et encouragés.

La nature est miséricordieuse envers nous. Elle est un bon docteur ; elle met le « baume de Galaad » sur nos blessures, et guérit nos maladies mentales d’une façon merveilleuse. Si la nature n’avait pas ce pouvoir guérisseur, le monde aurait un aspect lugubre, car bien peu d’entre nous n’ont pas connu les souffrances causées par la mort d’êtres aimés.

Prenez, chaque matin, la résolution de tirer le meilleur parti de ce jour-là, non pas de quelque autre jour alors que vous vous porterez mieux, que vous aurez une famille, ou que vos enfants seront élevés, ou que vous aurez- surmonté toutes vos difficultés. Vous ne les surmonterez jamais toutes. Vous ne pourrez jamais éliminer toutes les choses qui vous ennuient, vous troublent, et créent des frottements dans votre vie. Vous ne serez jamais débarrassé de tous les petits ennemis de votre bonheur, des mille et un désagréments de l’existence, mais vous pourrez tirer, le meilleur parti des choses telles qu’elles sont.

Ce qui fait que nos vies sont si mesquines et si peu productives, c’est que nous ne vivons pas dans le moment présent ; nous ne concentrons pas nos énergies, nos ambitions, notre attention, notre enthousiasme sur le moment actuel.

Soyez fermement résolu à jouir du jour d’aujourd’hui, et ne permettez pas aux soucis et aux appréhen­sions du lendemain de venir vous dérober ce qui voua appartient aujourd’hui : votre droit inaliénable est d’être heureux aujourd’hui.

Ayez un dialogue intime avec vous-même chaque matin, et dites-vous : « Peu importe ce qui m’arrivera ou ne m’arrivera pas aujourd’hui, il y a une chose dont je suis sûr :_c’est que je veux tirer le meilleur parti de cette journée. Je ne permettrai pas que quoi que ce soit vienne me dérober mon bonheur ; j’ai le droit de vivre vraiment pendant cette journée, et non pas seu­lement d’exister.

« Peu m’importe ce qui surviendra, je ne permet­trai pas aux ennuis, aux difficultés qui pourront entraver mon chemin, de me priver de ma paix et de mon repos d’esprit. Quoi qu’il arrive, je ne veux pas être malheureux aujourd’hui. Je veux vivre et jouir complètement de ce jour. Je ne permettrai pas aux ennemis de mon bonheur de venir le ternir. Aucun des malheurs du passé, rien de ce qui m’est arrivé de désagréable ou de tragique ne pénétrera dans mon esprit. Seules, les bonnes pensées, la joie, les amis de mon bonheur, de ma paix, de mon succès, pourront trouver accès dans mon âme aujourd’hui. Je détruirai les vilains tableaux que les ennemis de mon bonheur ont suspendus aux murailles de mon esprit, et je les remplacerai par des peintures de choses qui encou­ragent, qui réjouissent, et qui augmentent l’énergie. Tout ce qui m’a entravé et m’a rendu malheureux sera exclu. Et quand le soir viendra, je pourrai dire : «J’ai vécu aujourd’hui. »

Cette orientation nouvelle, optimiste, renouvelée chaque matin, changera rapidement notre manière de concevoir la vie et accroîtra beaucoup notre énergie. Il s’agit de maîtriser notre cerveau, de for­mer de nouvelles associations de pensées, pour préparer ainsi la voie à une nouvelle conception du bonheur.

Pourquoi nous rendrions-nous misérables en vivant dans le passé, en nous attardant à considérer nos erreurs, à regretter les occasions perdues, ou à compter nos malheurs ? .

Je n’ai jamais vu personne accomplir quelque chose d’utile ou de bon en se lamentant sur soi-même, en se condamnant pour ses fautes ou ses erreurs, ou en déplorant les événements du passé.

Vous avez besoin de toutes vos forces pour rendre votre vie belle et utile, et vous ne pouvez certaine­ment pas concentrer votre pensée sur le moment présent, ni agir avec cette énergie qui accomplit de grandes choses, si vous vivez dans le passé.

Chaque parcelle de force que vous dépensez pour des choses qui ne peuvent être changées est de la force gaspillée en vain, et qui vous manquera pour atteindre un noble but. Peu importe ce qu’a été le passé, il doit être oublié.

Repoussez donc toutes ces pensées sombres, , menaçantes, déprimantes. Elles ne font que vous décourager, et vous empêchent d’être actif dans le présent. Chassez de votre mémoire vos erreurs de jugement ; oubliez vos expériences malencontreuses, quelque dures qu’elles puissent avoir été. Repoussez la tentation de vous appesantir sur vos fautes, et prenez la résolution de faire mieux à l’avenir.

Bien n’est plus fou, plus stupide que de ressusciter

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le squelette du passé, les tristes images, les actions honteuses, les expériences néfastes d’hier, pour gâter le travail d’aujourd’hui. Beaucoup de per­sonnes qui n’ont eu que de l’insuccès jusqu’à mainte­nant, pourraient faire des merveilles dans l’avenir, si seulement elles voulaient oublier le passé, lui fermer à jamais la porte, et recommencer leur vie.

Quelque douloureux qu’ait été votre passé, oubliez- le. S’il jette une ombre sur le présent, et vous porte à la mélancolie ou au découragement, s’il n’y a rien en lui qui puisse vous aider, raison de plus pour ne pas en garder le souvenir. Enterrez-le si profondément qu’il ne puisse ressusciter.

Une des tâches les plus stupides, les plus insensées qu’on puisse entreprendre, est d’essayer de modifier, de changer ce qui ne peut être changé.

La nature humaine possède l’étrange faculté de transporter toutes les bonnes choses de la vie dans une existence à venir. L’homme est immortel maintenant ; il ne sera pas immortel, il l’est. Si nous possédons la nature divine, cette nature est parfaite maintenant, et si nous voulions seulement en réclamer tous les privilèges comme nous appartenant, au lieu de croire que nous les acquerrons dans l’avenir, nous pro­gresserions rapidement.

Nous devons cueillir le bonheur le long du chemin, sinon nous le perdrons. Lorsque les enfants d’Israël traversaient le désert, ils étaient nourris chaque matin de manne fraîche. Ceux d’entre eux qui n’eurent pas assez de foi pour croire que le Seigneur les nourrirait chaque jour, essayèrent de faire des provisions, mais la manne se gâta. Ceci fut une leçon pour eux. Ils ne devaient pas pourvoir à leur nourriture du lendemain, mais se confier dans le Dispensateur de tout bien, et croire qu’il les nourrirait chaque jour. Notre bonheur ressemble à la manne. Nous devons le récolter à nouveau chacun des jours de notre vie.

Partout, nous rencontrons des gens qui essayent d’amasser du bonheur pour l’avenir. Mais ils ont la ‘ surprise de voir qu’ils ne peuvent le conserver, qu’il doit être employé à mesure. Nous devons jouir du bonheur comme d’une fleur fraîchement cueillie.

Beaucoup de choses, telles que les généreuses impulsions, sont bonnes pour le jour présent, et ne vaudront rien le lendemain. Combien de personnes négligent de témoigner leur bienveillance ou leur amour jusqu’à ce que la personne qui devait en être l’objet soit au delà de leur atteinte ! Elles cherchent alors à réparer le passé en versant des larmes à son enterrement, ou en couvrant son cercueil de fleurs.

Aujourd’hui est le jour de dire le mot aimable que nous avons sur les lèvres, d’obéir à la généreuse impulsion qui étreint notre cœur. Telle personne qui hante votre esprit, et que vous vous promettez d’aider, a besoin de votre aide maintenant. Outre ses propres soucis et ses propres devoirs, le lendemain aura tous ceux que nous avons négligés la veille, et ses ressources ne seront pas plus grandes que celles du jour d’hier qui a passé.

Qu’est-ce qui vous fait croire que demain vous accomplirez des choses étonnantes, alors qu’aujour­d’hui vous perdez votre temps à des choses inutiles ? Pourquoi aujourd’hui vous semble-t-il si prosaïque, et demain si poétique, si plein de promesses ?

Quelle raison avez-vous de croire que vous serez heureux, harmonieux, désintéressé et charitable dans l’avenir, alors que vous êtes aujourd’hui irritable,

égoïste, méchant et malheureux ! Comment se fait-il que vous espériez avoir le temps, demain, d’écrire des lettres à vos amis et à ceux que vous savez tristes et découragés, de travailler à votre propre développe­ment, d’enrichir votre esprit, quand vous ne savez pas trouver le temps de le faire aujourd’hui ?

Qu’y a-t-il dans le lendemain qui puisse opérer magiquement Un tel progrès sur aujourd’hui ? Qu’est-ce qui vous fait croire que vous serez généreux demain, alors que vous êtes aujourd’hui si avare ? Pourquoi renvoyer à la semaine prochaine ou au mois suivant de chercher dans votre demeure toutes les choses qui vous sont inutiles, pour les distribuer ? Vous ne l’avez pas fait dans le passé, pourquoi vous tromper vous-même en croyant que vous le ferez dans l’avenir ? C’est à mesure que ces objets vous devenaient inutiles que vous auriez dû vous en défaire.

Combien de personnes, qui ne sont cependant pas avares, entassent dans leur grenier, par insouciance ou ignorance des besoins d’autrui, des objets qui pourraient faire le bonheur de tel pauvre garçon ou de telle pauvre jeune fille !

Si tel est votre cas, montez aujourd’hui dans votre grenier, visitez vos malles, et voyez aussi, dans votre intérieur, si vous ne trouvez pas des choses dont vous pourriez vous passer facilement, et qui apporteraient un peu de confort et de bonheur à d’autres moins fortunés que vous.

Passez en revue vos vêtements, et mettez de côté tous ceux que vous ne porterez plus et qui consti­tueraient une vraie garde-robe pour quelque pauvre jeune fille sans emploi, ou chargée de parents qu’elle doit entretenir, et qui ne peut acheter l’étoffe nécessaire pour se vêtir convenablement. Ne gardez pas ce» habits jusqu’à ce qu’ils deviennent inutilisables, sous le fallacieux prétexte que vous pourriez vous en servir plus tard. Utilisez-les aujourd’hui, et faites-en des messagers de votre bienveillance et de votre amour pour les autres.

Ne soyez pas égoïste, au moins en ce qui concerne les choses dont vous pouvez vous passer. Vous aug­menterez votre bonheur et votre satisfaction en les donnant, beaucoup plus qu’en les conservant en vue d’une éventualité qui ne se produira peut-être jamais. Si vous n’êtes pas aussi bon que vous devriez l’être, donner ouvrira votre cœur et adoucira votre caractère, en développant votre générosité.

Il y a, sans doute, dans votre bibliothèque, des livres que vous n’avez pas touchés depuis des années, et que vous ne lirez pas de longtemps; ces livres seraient d’une valeur inestimable pour des jeunes gens qui essayent de s’instruire eux-mêmes, au milieu de grandes difficultés. Donnez-les aujourd’hui. Plus vous donnerez, plus vous vous enrichirez, et plus vous serez heureux. L’avarice étrangle le bonheur ; l’habitude de donner le multiplie.

Une personne cultivée, et de goûts raffinés, me racontait dernièrement les luttes qu’elle avait dû soutenir pour s’accorder une éducation musicale. Elle était si pauvre que pendant longtemps elle ne put s’accorder le luxe de louer un instrument : elle étudiait plusieurs heures par jour sur un clavier de piano qu’elle avait tracé elle-même sur une feuille de papier brun.

Tandis qu’elle luttait ainsi, elle fut invitée à dîner dans une famille fortunée. Après le dîner, son hôtesse lui fit parcourir toute la maison, de la cave au grenier.

«Et, dans une mansarde, me raconta-t-elle, je vis un vieux piano pour lequel j’aurais donné tout monde. J’aurais volontiers franchi de grandes distances chaque jour pour avoir le privilège de m’en servir. Rien ne me fit envie du somptueux mobilier des belles peintures et de tous les objets de luxe répandus à profusion dans la maison. Mais ce vieux piano inutilisé dans la mansarde, me hantait. Il m’aurait ouvert la porte du paradis, mais je n’osai le demander. »

Personne n’est si pauvre qu’il ne puisse chaque jour donner quelque chose pour enrichir un autre. Celui qui retient tout est semblable à l’homme qui disait : « Je préserverai mon grain des souris et des oiseaux, et ni la terre ni le moulin ne l’auront. Qu’ils sont fous ceux qui le répandent à pleines mains sur le sol ! »

Donnez ! donnez ! donnez maintenant, aujourd’hui l Aidez-vous vous-même à devenir plus large, plus heureux, plus humain, à mesure que les années passent.

Plus d’un diffère son bonheur jusqu’au moment où il sera devenu riche. Alors, il constate avec surprise que sa manne s’est corrompue, et qu’il aurait dû la manger lorsqu’il l’a récoltée. Le bonheur différé et les bonnes actions renvoyées ne se retrouvent pas.

Chacun devrait, avant de se mettre en route, prendre l’engagement tacite avec lui-même que, quoi que ce soit qui lui arrive ou ne lui arrive pas, qu’il soit heureux ou malheureux dans ses entreprises, il aura sa part de bonheur chaque jour, et ne permettra à rien au monde de lui dérober la joie que chacun peut éprouver au jour le jour. Souvenez-vous que hier est mort, et que demain

n’est pas encore né. Le seul moment qui vous appar- tienne est le moment présent. On peut comparer les soixante minutes de l’heure à des fleurs qui vivent chacune soixante secondes et meurent. Si nous savons découvrir ce que chaque moment apporte de bon, nous jouirons de chaque minute qui passe pendant qu’elle nous appartient. C’est la vraie manière de vivre dans le moment présent.